On a beau espérer, on peut bien faire semblant d’y croire, mais on sait bien au fond de nous que le monde continuera, et nous avec, après décembre 2012. C’est bien parce qu’on s’en doute, parce qu’on n’envisage pas d’apocalypse qu’on poursuit notre route, petit à petit. Qu’on grappille tant bien que mal quelques sous à la fin de chaque mois au lieu de tout flamber dans une formidable orgie. Qu’on reste polis sinon gentils avec nos voisins d’à côté qui mettent la télé trop fort et ou avec ces satanés cyclistes qui doublent tout le monde dans les embouteillages. Qu’on supporte sans broncher les pleurs des gamins au lieu de lâcher enfin les chiens sur eux. Qu’on va tous les jours pointer au lieu de profiter de nos derniers instants. Qu’on essaie en vain de laisser un monde sensé pour les suivants.
On le sait, au fond de nous, que la vie continuera, pour une bonne majorité d’entre nous, et qu’elle ne sera peut être même pas meilleure qu’avant. Qu’il va falloir fournir des efforts, faire des compromis, parfois même renier quelques principes pour tenter tant bien que mal de s’en sortir. Qu’il n’y aura pas de Deus ex machina pour nous sortir de là, comme l’alarme incendie pouvait parfois nous sauver d’un examen délicat. Qu’il nous faudra faire nos preuves et chaque jour nous regarder dans le miroir sans détourner les yeux.
Et c’est justement parce que rien d’extérieur n’arrivera pour nous mettre tous dans le même sac qu’une fin du monde nous tentait tant. Reste maintenant à ne pas attendre le 22 décembre pour commencer à vivre.