Clic. La lumière s’éteint sur quelques mots légers exprès pour tenter de détendre l’atmosphère.
Une heure plus tard, le cœur cogne toujours. Des flashs givrés de pluie d’hiver s’agitent au fond des yeux. L’écho de paroles fortes, vaines, insidieuses, futiles, coups de poing ou baumes empoisonnés bourdonne encore aux oreilles. Qui captent le moindre crissement de draps, les apnées et les soupirs. Le corps s’accroche au lit comme un naufragé à sa planche ; il ne remue plus d’un pouce pour garder un semblant de contrôle. Les envies se télescopent, les rêves s’éveillent mais la tête tient bon. L’édifice reste en place et le corps est ficelé, emmitouflé au fond de son abri de couette.
Au bout d’une heure de noir, la respiration en contrebas se fait plus régulière. Les yeux sont grand ouverts, le cœur palpitant peine à se calmer. Quand enfin montent les ronflements, les épaules s’autorisent une once de relâchement, la tête sort se rafraîchir, les pensées oscillent entre cohérence et fantasmes engourdissants.
Un battement après l’autre, la résonance s’apaise. Les minutes qui bouillonnaient dans le flot d’adrénaline s’étirent en caramel et finissent par s’arrêter lorsqu’enfin les chiffres rouges deviennent flous, puis clignotent, puis disparaissent totalement.
Au matin, les yeux cernés papillonnent, le corps s’étire paresseusement, les pensées en tourbillon se sont posées et réajustent cahin-caha leur sourdine. Tout va bien sous le soleil, la journée peut commencer.