Hier, je suis entré dans la chambre de ma soeur pendant son sommeil. Je cherchais simplement une revue que je lui avais prêtée. J’ai ouvert sa table de nuit et suis tombé sur son journal. Je n’ai pas pu résister. Je l’ai lu du début à la fin, en prenant mon temps, assis sur le rebord du lit de ma soeur endormie. Ces petits mots de rien, tendres émois adolescents, trahissant sans jamais en rendre compte les terribles séismes qui chaque jour la secouent. Ces mots ne sont plus secrets pour moi, je les ai profanés, regardant en même temps l’auteur des lignes. Non pas pour vérifier qu’elle dorme toujours. Pour compléter ma jouissance de voler ses secrets. Les lire sous son nez, et violer une seconde fois son intimité en la lorgnant au moment où chacun est le plus vulnérable, sans même qu’elle le sache. Ce que j’ai fait était tellement excitant que, pour un instant, j’ai oublié où j’étais et me suis imaginé dans une salle obscure ; quelques scènes aux lumières stroboscopiques m’ont fugacement traversé l’esprit. Un soupir prolongé de ma soeur m’a ramené à la réalité.
Une fois ma lecture terminée, au moment de partir, j’ai hésite sur ce que je devais faire. Tout remettre en place, soigneusement, pour qu’elle ignore à jamais mon passage clandestin? Laisser ostensiblement son journal à une autre place, ouvert à la page la plus sulfureuse pour la donner à lire à quiconque passera et dévoiler mon intrusion nocturne? Cette pensée a fait monter le sang en moi, mais j’aime assez ma soeur pour ne pas le faire. J’ai reposé le journal à sa place, lissé le bord du lit pour effacer la trace de mon siège, et déposé un baiser sur son front. Je suis ressorti sans faire de bruit et ai fermé la porte le plus doucement possible, laissant ainsi ma petite soeur à son univers onirique.