Elle aimerait… Se dédoubler. Ne plus se partager, s’écarteler, se déchirer. Être tout à fait deux. Double “Je” à part entière, chacun intègre, chacun vivant à cent pour cent. Chacun exactement à la bonne place, au bon moment.
Elle oublierait… La culpabilité. L’impression constante d’être déloyale. Tantôt à l’un, tantôt à l’autre. Souvent aux deux. Et puis à elle aussi. Qui blesse son monde à coups de pavés de bonnes intentions. Qui garde en tête les limites infranchissables, imprimées en filigrane sur ses rétines. Qui a trop peur de piétiner sur son passage ceux qui ne peuvent lui refuser grand chose. Qui a parfois du mal à profiter, toute attendue qu’elle est, d’un côté comme de l’autre. Mais on n’a pas le droit de gaspiller son bonheur. Et du bonheur, elle en a à revendre. Alors que d’autres meurent de tristesse, de solitude, d’ennui. Oui mais voilà… Chaque bribe de joie a un goût d’instants volés, chaque sourire la réchauffe et la glace de l’intérieur, chaque jour qui passe se joue la stéréo, c’est le bordel dans son cerveau. Est-ce qu’un cœur peut éclater de trop d’amour ?
Elle revivrait… La moindre ligne de son histoire. Pour rien au monde elle n’en dévierait. Tiens bon la barre et le vent, le pire reste à venir. Mais, alors que montent déjà les larmes et les détresses, une certitude s’impose. Au bout du compte, il n’y aura pas de regret. Tout ce qui a été vécu en valait le coup. Ce qui ne l’a pas été a protégé des trésors inestimables. Les autres possibles se sont barricadés derrière les “si”, remparts ardents pour doux rêveurs. Resteront les souvenirs blottis au fond du cœur, autant de briques qui déjà construisent ses avenirs.