Elles ne se connaissent pas, l’une est sortie de ma vie bien avant que l’autre n’y entre. Leur seul point commun est de m’avoir connue, et, pour un battement de cil ou trois éternités, aimée. Et pourtant, je retrouve chez l’une quelques soupçons de l’autre. Certains traits de caractère, ténus mais présents. Comme si la première, essuyant quelques plâtres, avait préparé le terrain pour la seconde en me donnant presque malgré moi ses clés. Et puis des goûts musicaux, des intérêts littéraires, des spécialités culinaires qui ont transité par moi. Quand j’ai fait miens les coups de cœur de la première, je ne les ai pas jetés aux orties à la fin de notre histoire. Je m’en suis imprégnée, ils m’ont marquée, et même encore maintenant. C’est donc tout naturellement que l’autre les a découverts. Les affinités étant ce qu’elles sont, il se trouve qu’elle aussi a eu des coups de cœur. En quelque sorte, l’une a façonné des bouts de l’autre à son image. Elle n’en saura jamais rien. Elles resteront a priori à jamais étrangères l’une à l’autre. Même si, j’en suis sûre, elles s’apprécieraient beaucoup si elles venaient à se croiser. Tant pis. Je reste ce maillon entre l’une et l’autre, seule à penser ces si, seul lieu où cette amitié par personne et années interposée est du domaine du probable, du possible, du crédible.