Il est des télescopages qui empétillent l’atmosphère. Des trouées dans l’espace temps qui vont chercher les sourires du fin fond d’une autre ère et les déposent en joie sur le visage.
Un midi informel, pause dans une rentrée professionnelle enthousiasmante. Nouveaux collègues, nouvelles responsabilités. De la jeunesse, de la curiosité, un peu d’appréhension. Le soleil est là, les élèves pas encore. Les conversations se ressemblent toutes, on brise la glace en surface, on approfondira plus tard. L’habitude s’installe lentement, les marques reviennent, les repères sont bien marqués.
Quand soudain, d’une porte ou d’une faille, surgit l’ami d’il y a dix ans. Le partenaire de soirées (très) alcoolisées, de ce temps où on ne savait pas qu’on pouvait s’arrêter. Le membre complice d’une troupe d’improvisation, avec qui on a grandi et pris en assurance au fil des mois et des années. Le voisin de cité U qui ramène en une seconde toute l’insouciance d’une vie antérieure dans laquelle s’inviter à manger des pâtes carbo (avec lardons !) en buvant de la Kro, c’est le summum de la gastronomie.
Le cœur en fête, le pas léger, les chemins à nouveau se séparent pour bientôt se retrouver. L’impertinence frivole a fissuré la carapace professionnelle. La bonne humeur s’instille dans les petits riens, allégeant les tâches qui coulent en cascade.
Cette année pourrait très bien être plaisante.