A peine sorti du ventre de sa mère, le voilà déjà attrapé, observé, puis plongé dans le liquide qui permettra de le conserver au mieux. Aussitôt, il sent, le temps d’une seconde de douloureuse conscience, la brûlante morsure du froid qui le saisit. C’est bien d’une terrible brûlure qu’il se meurt, emporté par la vague de froid liquide dans laquelle il se noie. Sa conscience est déjà déconnectée alors que ses fonctions vitales s’éteignent rapidement l’une après l’autre. En moins d’une minute, le foetus est passé du statut de nouveau-né à celui d’être figé dans la glace. C’est cette rapidité même qui rend le traitement plus acceptable, et qui permet d’étudier de près les effets biologiques de perturbations intra-utérines. La congélation rapide dans l’azote liquide assure la conservation de toutes les molécules qu’une mort plus lente ne permettrait pas de voir. Surtout, ne dégradons pas ce précieux matériel par des nécroses intempestives. Laissons le froid intense protéger pour nous l’essence même de cet être qui jamais ne connaîtra les raisons ni de sa brève existence, ni de sa soudaine mort.