Pour avoir le début de l’histoire, c’est ici.
Semblant s’endormir sans pour autant cesser de ronronner, Joe sonda l’esprit de l’homme. Il se rendit ainsi compte, tout naturellement, qu’un chat peut tout à fait visiter les pensées des humains du moment qu’ils sont synchrones, sans que l’humain en ait conscience.
Dans l’esprit du jeune Pierre-Henri, il découvrit beaucoup de vivacité masquée par une carapace d’indolence. Une identité mouvante, accrochée à des détails superficiels ou à des traits de personnalité profonds, une férocité mal domestiquée, un orgueil immense mais terriblement fragile, une fausse insolence pour combler un manque d’assurance. Il observa avec beaucoup de tendresse le caractère fougueux de la jeunesse de son ami, se sentant brusquement très proche de lui.
Un point dissonant attira son attention. Au cœur émotionnel de son compagnon, il vit l’empathie emprisonnée sous un filet gluant, s’empêtrant de plus belle lors de chacune de ses faibles tentatives pour se débattre. N’écoutant que son courage, Joe planta une griffe, fine et particulièrement aiguisée, dans le piège de toile.