TW : deuil, manque.
Cheminer, pendant quatre jours, avec mon sac sur le dos. Précieux chargement, que j’emmène partout où je vais. Un poids sur mes épaules, pas trop lourd mais bien présent. Le poids de ton absence comme une hotte, si dense, sur mon dos.
Une randonnée. Un hommage, un chemin à rebours. Vers toi. Te rencontrer à nouveau. Te raconter encore. Te porter, t’emmener à travers monts et vallées, jusqu’à cette cabane-souvenir. Trouver un souffle improbable, entrecoupé de sanglots, voir la montagne se brouiller derrière les larmes, partager du bout des yeux ma douleur avec ceux qui nous accompagnent. Et appréhender, les mains dans le dos, le poids de ce sac que je ne veux plus quitter.
Un groupe hétéroclite qui s’unit pour quelques heures. Le temps qui trotte, l’air de rien, un agrion qui volète autour de nous, le sifflement sec d’un oiseau qui nous suit de loin. Puis viennent ces instants, inéluctables. Un rocher tête d’ours qui surplombe une vallée magnifique. Des crocus qui s’ouvrent dans la lumière automnale. Le vent de face, bien que léger, nous rappelle que ce ne sera pas aussi simple qu’on l’imagine.
Déposer mon sac au sol. Escalader le chaos, jambes tremblantes. Tenir dans mes mains ce poids qui m’accompagne depuis des jours. Enfin, de mes gestes malhabiles, essayer de disperser ces 2,8 kilos de cendres. Tout ce qu’il reste de notre vie d’amour, de joie, de douceur, de rires, de confiance, de paix.
Redescendre. Trembler dans des bras amis. Reprendre mon sac par une bretelle pour le remettre sur mon dos. Sentir toute l’horreur de sa légèreté. Ce poids en moins. Toi. Qui appartiens désormais à la montagne. Flancher, le corps secoué de spasmes. Avant de poursuivre ma vie, hagarde. Sentant tout le fardeau d’un monde sans toi qui pèse sur mon cœur.