Sous la plume de Saint-Exupéry, le mot ressemble à un reproche, une accusation, presque une insulte. La grande personne. L’adulte. Celui qui a perdu son âme d’enfant. Et dans l’inconscient collectif d’une certaine tranche d’âge, mal définie, non identifiée, le mot résonne mal, le mot fait mal. Depuis longtemps sortis de l’enfance, l’adolescence laissée derrière eux, ils peinent à s’assumer, s’accrochent à un état d’esprit flou qui leur permet, peut être, de gagner du temps.
Et pourtant. Quel mal y a-t-il à grandir, vieillir, mûrir? Quand l’âme d’enfant est déjà bien ébréchée, pourquoi refuser le costume de l’adulte pour un nouveau rôle? La version 2.0 a peut être ses failles mais permet des fonctionnalités tout à fait intéressantes, dessine au fusain des possibilités prodigieuses. Bien sûr, il faut accepter le paquet, on ne peut choisir les avantages sans les responsabilités, mais après tout, n’est-ce pas cela, être maître de sa vie?
Alors, pourquoi freiner devant un mot, un concept? Pourquoi refuser avec tant de virulence l’évolution? Pour tous les possibles qui se transforment en souvenirs? Comme si ce qui était déjà vécu n’était plus à vivre ! Comme si à chaque expérience, on cochait une case “ça, c’est fait” et qu’on n’y revenait plus. Alors que non, finalement. Chaque expérience devrait nous donner de nouvelles idées, de nouveaux possibles, des perspectives qu’on n’aurait pas imaginées dans cette vie rêvée à l’enfance. Quand, enfin devenus grands, on a réalisé ne serait-ce qu’un de nos espoirs adolescents, quel mal y a-t-il à en avoir de nouveaux, peut être plus terre-à-terre, mais plus réalisables, pour nous porter encore un peu vers demain?