Lundi. Elles sentent bon, elles sont fraîches, il marche d’un pas alerte et décidé, il se sent sûr de lui. Il est bien dans ses baskets, il est d’humeur joviale et prêt à partir où le vent l’emmène.
Mardi. Il n’a pas plu hier, elles sont encore à peu près sèches. Elles ne sentent plus le frais mais ne puent pas encore. Il est serein, prêt à poursuivre sur sa lancée. Son entrain est à peine émoussé, son endurance fait ses preuves.
Mercredi. Elles ont la texture particulière de celles qu’on a déjà un peu trop portées, mais qui peuvent encore tenir. Il n’est plus vraiment d’attaque mais prend sur lui, fait des efforts pour rester aimable, enthousiaste. Il poursuit son travail avec un peu moins d’ardeur mais laisse le rythme de sa journée le mener, stoïque, jusqu’au soir.
Jeudi. Elles commencent à franchement sentir, elles sont froides et moites. Il a un énorme coup de pompe, aimerait en avoir déjà fini et le reste de la semaine à venir le décourage. Il est morose, traîne la patte et baisse les yeux.
Vendredi. Elles n’ont pas pu sécher pendant la nuit, elles sont glacées, humides et sentent le maroilles. Il se sent sale, usé, bon à rien. Sa confiance en lui envolée, il a l’impression de charrier un boulet. Il essaie de ne plus penser à tout ce qui l’attend avant qu’enfin chez lui, il laisse sa fatigue de côté pour prendre soin de lui. Il a l’impression que la journée s’étire, qu’elle n’en finira pas.
Samedi. Elles sont en fin de course, ont une odeur pestilentielle, n’arrivent pas à sécher tant elles sont imprégnées de sueur. Il est épuisé, sa semaine l’a éreinté, il est lessivé. La seule chose qui lui permette de tenir, c’est de savoir que tout ça est bientôt fini, que la semaine prochaine il entamera un nouveau cycle et que tout sera de nouveau propre et net chez lui.
Dimanche. La machine à laver enfin tourne, frotte et rince. Tranquille chez lui, il va nu-pieds. Il flotte un peu, déconnecté, le cerveau au repos.