Du plus loin qu’il se souvienne, il a toujours eu l’impression de prendre la réalité en farce. Non pas qu’il la trouve drôle et tourne tout en dérision. Il se sent plutôt dindon, et la réalité la chair à pâté dont il serait farci chaque jour un peu plus. Il se sent tellement plein de cette réalité qui s’insinue partout en lui, comblant chaque vide, colmatant chaque brèche, ne laissant aucune place à une fuite virtuelle. Tout se rappelle incessamment à son esprit, mettant des barrières plus que tangibles à ses ambitions, ses espoirs, ses rêves. A tel point que le trop plein lui sort par les trous de nez, par les oreilles, que la migraine le guette. Laissez le donc oublier pour un instant les affres de la réalité pour se concentrer un peu plus sur les possibles qu’il imagine. Et peut être qu’il arrêtera un jour de se farcir l’avenir…