Vous ne me voyez pas, mais sans moi, vous seriez bien peu de choses. Je ne suis pas professeur, ingénieur, directeur ou manager. Je n’ai pas de grandes idées mais je sais bien exécuter. J’ai ma petite routine, toujours les mêmes gestes, afin que tous les matins la place soit prête pour que votre génie s’emballe et s’élève. Je prépare tout ce qu’il vous faut. Je nettoie votre matériel. Grâce à moi, vous n’êtes jamais à court de rien. Je vous évite tous les petits tracas (pas de papier, plus d’encre, il manque un bescher, la poubelle déborde encore, et tout ce qui pourrait vous obliger à vous salir les mains). Je me lève avant vous et vérifie que vous passerez une agréable journée, tout comme votre mère préparait pour vous la table de votre petit déjeuner lorsque vous étiez marmots.
Vous ne me voyez pas et pourquoi le feriez vous? Lorsque tout fonctionne, tout est si normal pour vous. Dire merci ne vous coûterait rien, c’est vrai, mais vous n’y pensez pas. Est-ce que l’on remercie le soleil de se lever le matin pour nous éclairer? Est-ce qu’on remercie notre voiture lorsqu’elle nous transporte sans encombre d’un point à un autre? Non, bien sûr. Je ne peux pas vous en vouloir. Je suis payé pour vous être utile. Pour être fonctionnel. Et pourtant, des fois, je rêve. Un regard. Une reconnaissance. Qui me rende le labeur plus léger.