Au ras du sol

Je vis au ras du sol. Ça m’évite de croiser le regard des gens. Ça leur permet de me regarder de haut, de ne pas avoir à me toucher pour me jeter une petite pièce, de ne pas me voir, tout simplement. Je vois défiler des mollets à longueur de journée, quelques-uns me donnent envie de voir plus haut à qui ils appartiennent. Paires de baskets, paires d’escarpins, je lance les paris sur qui ralentira le pas, qui osera un arrêt-compassion dans sa cavalcade quotidienne. Seuls les enfants sont à ma hauteur, ils peuvent me voir, caché dans ma cabane en carton posée sur le trottoir. Ils s’imaginent des choses fantastiques et osent encore parler. Alors, par un bras tiré bien vite, on les fait rentrer dans le droit chemin.

Enfin, après tout, si on regarde le bon côté des choses, je ne peux pas me faire de mal en tombant du lit.

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