La première commence à pointer le bout de son nez. Elle grossit, déborde et roule sur ma joue. Du bout du doigt, tu stoppes sa course, l’étales et la fais disparaître. La seconde, plus rapide, atteint déjà le menton. Tu remontes ma tête, et d’un baiser l’aspires. Alors que ma lèvre tremble un peu, les larmes coulent à flots. Tu essaies d’endiguer l’inondation, tu éponges ce que tu peux dans le T-shirt qui couvre ton épaule. Puis tu prends le mal à la racine. Tu m’écartes délicatement de toi, tu fais une mimique, puis une autre, de celles qui te rendent irrésistible et exaspérant à la fois. Alors que j’hésite encore sur la marche à suivre, voilà que tu commences à blaguer. Bien malgré moi, un sourire fait irruption sur ma figure rougeaude. Le nez coule encore, les yeux brillent. Est-ce de tristesse ou bien de rire? Alors que je tente vaguement de protester, tu insistes et imites le spectacle que tu as sous les yeux. Je n’en peux plus, j’explose de rire. Encore une fois, tu as gagné, les larmes admettent leur défaite et restent hors de vue, conscientes qu’avec toi, elles n’auront jamais le dernier mot.