Vu du sentier, ça paraissait une excellente idée. Sortir un peu du chemin, couper à travers le sable, gagner quelques minutes et avoir une plus forte impression de nature sauvage. Hop, à peine le temps de se concerter, nous voilà partis sur la plage pour longer un bras de mer, profiter du soleil et de l’air marin au lieu de passer par le bois.
Une fois la barrière franchie, nous ne mettons pas très longtemps à nous rendre compte que le sable est plutôt vaseux, que tout est bien imbibé d’eau et que nous ne traverserons pas tout de suite le bras de mer pour rejoindre l’autre bord. Mais faire demi tour maintenant serait bien trop triste. Nous continuons donc d’avancer, en pensant que si l’on veut, on peut toujours revenir sur nos pas, mais pas trop tard quand même puisque la marée finira bien par monter. Au bout d’une dizaine de pas, nos chaussures s’enfoncent dans la vase, presque jusqu’à la cheville. Derrière nous c’est sûr, le sol n’est pas terrible. Devant nous, on ne sait pas. Peut être que ça s’arrangera plus loin?
Vient le moment où il devient clair que devant nous, ça va aller de mal en pis, le sol est très mou, la vase monte de plus en plus haut et retient nos pieds de plus en plus longtemps. Une pensée s’immisce : et s’il tombe, je fais quoi? Le temps a passé. Même la certitude que devant ne s’améliore pas ne peut plus nous empêcher d’avancer : avec le temps qu’on a mis à faire l’aller, faire demi-tour maintenant signifierait finir les pieds dans l’eau.
A chaque pas en avant, on tend le cou, on regarde ce qu’il y a derrière tel bosquet, des fois qu’on trouve miraculeusement un passage. On est presque prêts à couper par l’eau, sauter de rocher algueux en rocher algueux. Et puis, là, sur le côté, après le passage sous les racines d’un arbre recouvertes d’algues, nous voyons enfin une piste remonter vers ce qui semble être une propriété privée et plus loin, une route. Ni une ni deux, la barrière est franchie. Le pas s’allonge, vite, passer de l’autre côté pour ne pas “se faire prendre”, complètement vaseux au milieu des ruches.
Dès le bitume rejoint, on rit un peu. On a pris du retard sur la journée de randonnée, ça en valait le coup. Mais pas sûr qu’on recommence de suite…