Fermée. Cachée, obstruée. Presque oubliée, la grotte aux fées. Sont-elles parties, sont-elles restées? Nul ne le sait, tant elles ne veulent plus qu’on s’intéresse à elles. Elles se sont faites toutes petites, se sont cachées, déguisées en stalagmites. Elles ont attendu patiemment que les souvenirs se transforment en légendes mystérieuses. Et là, impossible de retrouver la moindre trace d’elles. La grotte a presque disparu. Son entrée ne se trouve plus qu’au hasard, lorsqu’à force de tourner dans tous les sens, le sentier s’est perdu, les étoiles changent de place et se cachent derrière le feuillage.
Personne ne se souvient jamais de ce qui se passe à l’intérieur de la caverne. Tout juste une vague impression de musique, gouttes d’eau ricochant sur le calcaire. Éclats de rire peut être? Et l’émergence, le retour à la lumière du soleil, dans un lieu familier mais pourtant inconnu. Un chemin pris au hasard pour retourner d’où ils viennent, mais aucune idée duquel.
En aucun cas ils ne l’appellent la grotte aux fées. Ils savent bien que les fées n’existent pas. Et mettent donc leurs délires sur un moment d’égarement, une diète prolongée, la fatigue. Et leur retour miraculeux à la civilisation sur leur instinct de survie, leur bonne étoile. Un jour, lorsqu’ils vieillissent, la légende se transmet, atténuée par le spectre de la folie qui revendique chaque récit non rationnel.
La grotte aux fées se perd encore un peu plus. Pour leur plus grand bonheur.