Une larme impossible à essuyer

Aujourd’hui, il y a si longtemps pourtant, c’est la première fois, terrible première fois. La première fois que par ma faute une larme roule sur ta joue. Stop, arrêt imposé pour une photo mentale : tellement belle cette larme sur ta joue lisse et rebondie. Elle laisse un sillon brillant au soleil, d’une iridescence rappelant la marque d’un minuscule escargot sur une céramique.

J’aimerais pouvoir tendre le bras, passer mon pouce sur ton visage et d’une caresse réparer le mal que je t’ai fait. Mais déjà tu détournes la tête, essuies d’un poing rageur la goutte qui trahit des sentiments que tu préférerais garder secrets. Tu t’éloignes, vaques à tes occupations pour m’offrir en sanction ton indifférence accusatrice.

Tes joues sont sèches depuis longtemps maintenant, tes yeux maintes fois rougis ne m’en tiennent pas rigueur et leur éclat éblouit sans effort le monde alentour. Mais quelque part, les soirs de solitude et de mélancolie, coule toujours derrière mes yeux cette larme que j’ai fait naître un jour par mégarde ou inadvertance, presque avec désinvolture.

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