Foxy est arrivé, après avoir suivi la piste olfactive pendant quarante minutes, à la ferme. Il sent que de bonnes choses sont là pour lui, et ne sent pas d’odeur de chien. D’homme, oui, de chien, non. Mais Foxy n’a pas peur des hommes. Il est tellement excité par l’odeur de la volaille et du bétail qu’il a du mal à se concentrer et ne pas se précipiter tête baissée vers son garde-manger. Pour se remettre de ses émotions et échafauder un plan, il se couche sur l’herbe humide. Bon, il est bien arrivé à la ferme, mais il doit encore décider de deux choses : « Que va-t’il manger ? » et « Où trouver cette nourriture exactement ? ». Foxy se souvient du goût des lapins, des poules, et même d’un chevreau. Mais les chèvres sont trop grosses pour lui seul, et les lapins, ma foi, il peut en trouver ailleurs qu’à la ferme. Non, ce qui l’attire vraiment dans les fermes, ce sont les poules, qui courent partout quand on les chasse, qui sont absolument délicieuses et qui font des œufs pour se régaler si on n’arrive pas à les attraper.
Et donc, la deuxième question s’insinue dans son esprit, enfin, surtout dans son corps… « Elle est où la poulette ? » Il sent bien que cette ferme contient des poules, mais où sont les poules ? Alors, la truffe au sol, il cherche, il cherche, avec une seule pensée en tête : elle est où la poulette, elle est où la poulette ? Et lorsqu’il trouve enfin le poulailler, il ne se sent plus de joie. Par un trou sous le grillage (probablement creusé par un autre renard) il se glisse dans le lieu du crime, et c’est aussitôt la folie. Ca caquète à n’en plus finir, ça court dans tous les sens, il sent la folie meurtrière le gagner et alors rien n’a plus de sens pour lui que de chopper une poule, la tuer, lécher son sang et faire voler des plumes de partout. Très rigolo, les plumes qui volent au milieu de ce carnage.
Lorsque Foxy reprend un peu ses esprits, il est presque trop tard. Il sent l’homme qui arrive, accompagné d’un chien qu’il n’avait pas senti jusque là. Il se précipite à nouveau sous le grillage, le ventre pas si plein mais le museau plein de bon sang frais. Et lorsqu’il sent qu’il arrive à s’échapper, il court comme un dératé, vers de nouvelles aventures.