Ils sont assemblés sur le flanc de la montagne, afin de rendre un dernier hommage à leur mari, père ou ami. Tous de noir vêtus, ils se recueillent devant l’urne contenant ses cendres, avant d’accomplir ses dernières volontés. Amoureux de la montagne, emprisonné dans un hôpital en ville depuis sa maladie, Richard a toujours souhaité que ses restes soient dispersés un jour de grand vent en haut du Lancebranlette. Alors ses proches ont entrepris l’ascension pour lui, l’urne dans un sac de randonnée, et s’apprêtent maintenant à disperser ses cendres au vent. Ils font bien attention à se mettre dos au vent, puis l’aîné de ses fils monte tout en haut du pic avec les cendres de son père. D’un large mouvement, il lance son père vers sa dernière demeure.
L’assemblée regarde, la larme à l’œil, le nuage de Richard s’envoler. Puis ils voient avec horreur les deux deltaplanes traverser le nuage de cendres. Ceux qui ont la meilleure vue, la meilleure ouïe parviennent à entendre ou voir les deux hommes tousser et cracher. Entre deux sanglots, des regards complices s’échangent. Ca, c’est sûr, ça l’aurait bien fait rire.