En une année, on peut avoir l’envie d’un enfant, le concevoir, gonfler de partout, le construire de notre propre chair, bien au chaud à l’intérieur de nous pour finalement l’expulser sur notre petite planète.
En une année, on peut faire connaissance, partager des morceaux de vie, développer une amitié. On peut aussi diverger, suivre sa route en solitaire, perdre de vue un ami de quinze ans.
En une année, on peut apprendre à lier les lettres entre elles, former des sons, leur donner du sens. Apprendre à lire à partir des bases qui traînaient négligemment dans notre caboche.
En une année, on peut avoir notre premier coup de foudre, oser nos premiers pas, nos premières fois. Et peut être même recommencer avec quelqu’un d’autre.
En une année, on peut prendre vingt centimètres et quinze kilos, passer d’imberbe à pubère ou apprendre à positionner correctement un tampon du premier coup.
En une année, on peut tomber malade et s’en aller comme ça, sur la pointe des pieds.
En une année, on peut prendre le temps de visiter d’autres contrées, vivre mille expériences et en être transformé à jamais.
En une année, on peut décrocher son diplôme, son premier travail et démarrer sa vie active. Changer radicalement de rythme de vie pour s’adapter à ces entrées d’argent régulières et à la fatigue qui les accompagne.
En une année on peut amener quinze personnes qui ne se connaissaient ni d’Ève ni d’Adam à être soudées par une expérience fabuleuse, un objectif commun et assez de souvenirs accumulés pour leur tenir vingt ans.
Et en une année, on peut, du moins je l’espère, faire manip sur manip, amasser des données, combler les brèches dans le raisonnement, boucler un article, écrire son manuscrit et être fin prêt pour soutenir sa thèse.