Feu de camp au secrétariat

Dans les décombres, on a retrouvé des palettes, des dossiers à demi consumés, des chaises de bureau archaïques. Un torchon imbibé d’essence semble être à l’origine du sinistre. Les analyses d’ADN ainsi que certains graffitis obscènes indiquent que la stagiaire du secrétariat serait responsable de cet acte de vandalisme. D’autant que des figurines à l’effigie de ses supérieures ont été retrouvées parmi les cendres.

Ces dernières, sous le choc, cherchent des pistes sur ce qui aurait pu faire craquer la dernière venue dans leur équipe. Elle était très travailleuse, prenait ses tâches à cœur de sorte qu’elle s’est vue confier de réelles responsabilités. Rien qui ne justifie un tel déchaînement de violence, vraiment.

Lorsqu’elle fut retrouvée, la stagiaire en question a été interrogée de longues heures. Elle a admis avoir été bien traitée lors de son stage, avoir effectué un vrai travail de secrétariat. Elle avoue s’être investie sur son poste et avoir espéré être embauchée durablement. Ce qui aurait été concrétisé si elle n’avait pas perdu les pédales.

À l’approche des vacances, elle a travaillé d’arrache-pied pour que chaque élève trouve réponse à ses questions, que chaque professeur puisse quitter l’établissement l’esprit tranquille. Et  puis chacun est parti, sans un mot, sans un regard pour tous les dossiers qu’elle avait si laborieusement classés, sans même récupérer les commandes qu’ils avaient pu passer. Les secrétaires en poste, après avoir fait un pot de fin d’année, sont parties chacune de leur côté sans lui dire au revoir, l’oubliant presque dans le local où elle rangeait les restes des festivités.

Bien sûr elle ignorait la décision du directeur de la garder. Bien sûr elle ignorait que tout le monde était parti en hâte pour lui organiser une soirée à laquelle elle n’est finalement jamais venue. Elle n’a pas eu le temps d’entendre leurs éloges. Son sang n’avait fait qu’un tour, sa vengeance était en cours et elle était déjà loin quand l’équipe se réunissait au bas de son immeuble pour l’inviter à fêter la fin de son année si studieuse -et heureuse. Elle n’est rentrée en ville qu’en entendant au journal les commentaires ahuris de ses collègues qui semblaient tant l’estimer. Avant.

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