Arthur et Hugo sont plus que de simples amis. Ils ont chacun entaillé leur paume, se sont serrés la main, les yeux dans les yeux, longuement. Ils sont frères de sang. Dans la cour de l’immeuble, tout le monde le sait. Il ne faut pas embêter Arthur. Hugo ne le supporte pas. Et Hugo, personne n’a envie d’avoir affaire à lui.
Beaucoup sont jaloux. Arthur et Hugo sont les seuls à avoir un frère de sang. Nous autres on a écouté nos parents, entendu parler des maladies et tout ça. On fera pas comme eux, c’est dégoûtant. Pas mal aimeraient bien, pourtant. Faire toutes les bêtises du monde avec un complice à jamais fidèle. Raconter ses secrets avec la certitude de n’être jamais trahi. Un frère de sang ne peut pas mentir ou faire du tort à son ami. Il souillerait son propre sang.
Moi, ça ne me fait rien. J’aime mes amies. Je ne leur ferai jamais de mal de toute ma vie. Et pourtant, on n’a pas mélangé nos sangs. On s’est juste dit chacune un secret tellement gros qu’on ne prendra jamais le risque d’amener les autres à le divulguer. Ça compte, non ? Alors pourquoi ils fanfaronnent tant, Arthur et Hugo ? Ils sont même pas vraiment frères en plus. Et leurs vrais frères, ils les aiment pas. Hugo leur met la tête dans les toilettes. Avant d’aller se trouver un frère dans la rue, ils pourraient être un peu plus sympa avec ceux qu’ils ont. Moi j’aimerais pas devenir la sœur d’une fille qui utilise la brosse à dents de sa petite sœur pour brosser le chien.
En fait, Hugo, le seul avec qui il est gentil, c’est Arthur. On dirait qu’il a même pas besoin de lui parler, ils restent ensemble, à l’écart de tout le monde, et personne n’ose voir ce qu’ils font. C’est dommage. Arthur, j’aimerais bien le connaître avec ses yeux verts. Les copines se moquent de moi parce qu’elles ont toues un amoureux, elles. Et moi, le seul qui me plaise, je peux pas lui parler à cause d’Hugo, parce qu’Hugo, il parle pas aux filles. Non, vraiment, les frères de sang, c’est nul.