Que va-t-elle faire de son ventre rond, maintenant que tu n’es plus là? Tu n’avais pas le droit de partir, comme ça, un beau matin, sans prévenir personne. Pas le droit de te faire la belle, la laissant assumer seule son chagrin et votre enfant à naître. Pas le droit de laisser ton fils grandir sans père. C’est donc à elle de gérer, à elle de te remplacer si elle en a la force pour leur bien-être à tous les deux?
Alors, bien sûr, je t’entends venir : tu n’as pas fais exprès. C’est un peu facile. Même si c’est très certainement vrai. Toi aussi tu es à plaindre. Peut être pas autant qu’eux, mais toi aussi tu as souffert. Certes. Tu préfèrerais être ici près d’eux. Je n’en doute pas. Toi non plus tu ne supportes pas le vide que s’est installé, trou béant qui les accompagnera toute leur vie. Ils te manquent autant que tu leur manques, si c’est possible.
Oui, mais… Çe ne te fera pas revenir. Toutes les larmes de son corps, toute sa force, ses hurlements, ses prières, sa résolution, son désespoir. Rien n’y fera. Ils devront faire avec, s’accomoder, cicatriser. Peu importent ses désirs et son amour. Tu ne reviendras pas.
Et tandis que sur toi se referme le cercueil, je t’en veux, à toi ou à la Terre entière, je t’en veux de n’être pas resté près d’elle. De permettre, par ton absence, qu’elle mette au monde un orphelin. Qu’elle chérira en souvenir de toi.