Tu es venue quand on ne t’attendait pas, on pensait avoir besoin de toi. Tu as bien fait attention à lister nos envies, nos attentes. On était ravis, on était aux anges, que quelqu’un vienne prendre les choses en main.
Comme souvent dans la passion, cela n’a pas duré. Au lieu de nous dire tout simplement que tu ne pourrais pas, tu as essayé d’intégrer nos projets et les tiens. On a cru qu’on avait des intérêts communs.
Et puis, petit à petit tu as tout piétiné. Tu as foulé aux pieds nos projets, tu as ramené le tien. Tu attendais des choses de nous sans nous le dire, on attendait de toi que tu prennes ta place. Tu ne l’as pas fait. La confiance sans borne qu’on t’avait accordé d’avance est devenu un petit feu follet qu’il fallait entretenir. Tu ne l’as pas fait. Il n’en reste plus rien sinon son négatif, une méfiance aveugle qui peu à peu se transforme en défiance. Sans cohérence, tu passes d’une idée à l’autre et tu veux qu’on te suive sans savoir où on va. Tu oublies qu’on est amateurs, tu oublies qu’on voulait avant tout s’amuser. Être au top ne faisait pas partie de nos ambitions. Les tiennes sont démesurées, et tu ne t’en donnes pas les moyens. Tu mets la barre tellement haut que nous savons tous qu’on ne l’atteindra pas. Quelle importance maintenant?
Alors bon gré mal gré, je me force à poursuivre. Non pas pour toi, ni même pour moi, je sais que je trouverai mon plaisir ailleurs. Mais pour les prochains, pour garder le peu de crédibilité qu’il nous reste et faire en sorte que les suivants n’aient pas à payer pour les erreurs de leurs prédécesseurs. Pour rendre l’ardoise nette, en quelque sorte.