Discrètement, presque en s’excusant, la Mort a toussé à son oreille. Elle ne voulait pas le déranger mais Elle se devait d’attirer son attention. Elle ne peut pas débarquer comme ça, sans prévenir. Surpris, il a haussé un sourcil et demandé “Déjà?”. La Mort a gardé le silence un instant, a secoué la tête et a finalement répondu qu’Elle ne venait pas pour lui. Il s’est affaissé, s’est retourné vers le frêle corps endormi sous les draps, a hésité, a renoncé à supplier. On ne badine pas avec la mort, n’est-ce pas? Il lui proposa tout de même un marché. Quitte à se déplacer pour elle, petite chose qu’il porte en son cœur depuis sa venue au monde, ne pouvait-Elle pas prendre un peu d’avance sur son travail? Faire d’une pierre deux coups, en quelque sorte. Il est tout à fait prêt à s’arranger avec la Vie pour redistribuer le temps restant qu’il ne saurait de toutes façons pas mettre à profit. La Mort a appelé la Vie, a tenu conseil et a fini par lui présenter un compromis. Son corps restera à disposition pour le temps qu’il aurait dû lui rester. Ce corps mobile, fonctionnel, perfection originale de la Nature servira de réceptacle aux nécessiteux. Quant au reste, Elle n’a pas la force de l’empêcher d’aller où bon lui semble, et s’il préfère accompagner son enfant que de lui dire adieu, Elle ne saurait s’y opposer.