Dieu est rentré de vacances ce matin, et déjà, le voilà débordé. Bon, en deux millénaires, il s’attendait plus ou moins à avoir quelques affaires à régler en rentrant, mais il avait quand même placé son fils à la tête de son entreprise pour assurer ses arrières. Et le voilà crucifié, ça commence bien. D’autres entreprises en ont profité pour grignoter petit à petit sa création. Il n’aurait peut être pas dû s’absenter si longtemps, mais il faut dire qu’il a perdu la notion du temps à visiter les autres univers, même s’il en a retiré quelques bonnes idées pour améliorer son business…
Il est tout de même temps de reprendre les choses en main. Pour commencer, rien de tel qu’une apparition divine pour annoncer à tout le monde qu’il n’est plus le temps de rire et reprendre sa place… Dieu va donc choisir sous quelle forme il préfère apparaître aux yeux de tous. Son choix se porte sur le modèle “Dieu lumineux, éblouissant” qui fait toujours effet sans avoir besoin de trop soigner les détails. Il tape la commande lui permettant de l’activer et attend. Rien ne se passe. Il retape la commande. Toujours rien.
“Marie ! Qu’est ce qui se passe avec les commandes? Je ne peux plus m’incarner…” Mais Marie n’apparaît pas. Il n’a pas vu Jésus non plus, depuis qu’il a appris qu’il était crucifié. Il va devoir se débrouiller seul. Il teste une autre incarnation, “Dieu géant fait de tempêtes”. Ça fait peut être trop, mais c’est pour essayer. Rien non plus. Message d’erreur “No longer used, old fashioned”. Ben voyons. Il teste encore le “Dieu éblouissant”. Un éclair l’aveugle, et la machine s’éteint. Il se regarde. Toujours rien. Dieu tape sur la machine. Rien ne se passe. Dieu crie et lui ordonne de fonctionner. Après tout, les machines devraient au moins lui obéir, il ne leur a pas encore laissé le libre-arbitre, quand même… Rien de rien. Dieu perd patience, il tempête, essaie au moins de détruire cette stupide machine par sa volonté divine. N’y arrive pas.
Il sort bouillonnant de colère. Descend directement sur Terre, à la recherche de son fils. Tant pis pour le sensationnel, il y va au naturel. Dieu use de sa grosse voix pour se faire reconnaître. Il est surpris de voir un concert d’applaudissement saluer sa performance. “Bravo, les effets spéciaux”. “Maman, le monsieur dit qu’il est Dieu, mais c’est truqué, pas vrai?”. “Tenez monsieur, quelques pièces pour manger, vous les avez bien méritées”. Dieu se fâche tout rouge et demande à voir Jésus immédiatement. On lui rit au nez, l’applaudissant de plus belle. Il se concentre pour attirer la foudre sur ces stupides badauds. Rien ne se passe. Ah, si il entend le tonnerre. Suivi immédiatement d’un “pardon, maman, j’ai pas fait exprès”.
Dieu, au bord de la crise de nerfs, regagne le ciel. Se sert un chocolat chaud avec du pain d’épices. Ça va mieux. Puis il actionne la commande lui permettant de supprimer sa création avant d’en commencer une nouvelle. “Bordel, même ça, ça marche plus?” Peu importe. Demain, il se trouvera un bout d’univers qui n’a pas encore de planète et recommencera. Et pour ce brouillon-ci, ils ont l’air de bien s’en sortir tous seuls, non? Note pour la prochaine fois, éviter le libre-arbitre, c’est un coup à se retrouver au chômage, ça…