“Je n’en peux plus de travailler comme ça pour finir par tournoyer dans l’eau jusqu’à la noyade !” C’est en ces termes que Chiff’, le chiffon à poussière se fit l’instigateur de la Révolution des Chiffons. Pour des conditions de travail décentes (un travail régulier et léger plutôt que des périodes sans fin d’inactivité suivant une charge de travail frisant l’esclavagisme), une reconnaissance de sa condition et un respect de son travail, il porta ses revendications devant le maître de la maison. Il cria qu’il en avait marre de vivre dans une porcherie et d’être le seul à toujours se salir. Il fut rapidement suivi par la serpillère, la brosse à dents et le balai-brosse des toilettes. Ensemble, ils firent front pour une meilleure répartition des tâches, un remplacement des effectifs dès les premiers signes de fatigue chronique, un aménagement du travail en cas de blessures graves, et le droit à des soins adaptés.
Le maître les écouta. Ils crurent avoir gain de cause. Ce n’était pour eux que le début d’un long chômage technique et d’une placardisation, le maître ayant fait remonter leurs revendications à ses associés. Il en a par ailleurs profité pour négocier un allègement significatif des tâches ménagères en leur nom, ce qui était particulièrement bienvenu pour lui. Ainsi la Révolution des Chiffons fut-elle récupérée pour le compte du maître. Leurs revendications ayant été détournées, on considéra qu’ils n’avaient plus de raisons de se plaindre et tout le monde les oublia.