Un mot par-ci, une expression par-là, tout d’un coup, clic, un déclic et les mots coulent d’eux mêmes. Comblé le vide de l’écran blanc, le pointeur qui clignote pour me rappeler qu’un mot attend ici d’être posé. Les caractères s’enchaînent, les idées se déversent, passent directement d’une partie lointaine de ma conscience au support qui les recueille, qui les stocke, les fige. Et puis, bam, c’est la butée, le mot récalcitrant, celui qui se cache, qui se fait désirer, qui ne veut pas travailler. À moi d’aller le chercher, de prendre mon temps pour l’amadouer, le convaincre de prendre sa place parmi les autres. Une fois que le flot coule à nouveau, je dois alors m’interroger sur la cohérence du tout. Est-ce que la vue d’ensemble est sympathique? Comme sur l’éternelle photo de classe, une fois que les éléments sont là, il faut les réorganiser pour mettre en valeur tout le monde, pour qu’on ne passe pas à côté du petit qui se cache dans l’ombre rassurante de son camarade. Et lorsqu’enfin le texte a pris sa forme, une fois qu’il est prêt à vivre sans moi, je dois l’admettre, lui donner la permission de partir, ne pas chercher à toujours l’améliorer ou le dénaturer mais oser le laisser véhiculer seul ce que je prenais pour la création de mon esprit. Trop tard. Déjà il s’envole, et comme il s’est imposé à moi, le voilà qui cherche à s’immiscer dans la tête d’autres gens, les convaincre que ses mots sont aussi les leurs, ou bien déclencher leur hostilité. Mais en aucun cas ces autres personnes ne pourront relier les mots qui les pénètrent avec ceux qui, l’espace d’un instant, sont nés dans les limbes de mes pensées. De la même manière qu’un enfant, aussi proche ou contrasté qu’il soit avec ses parents, ne sera jamais leur reflet aux yeux du monde.
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Idées, pensées en vrac
Pulsion
Pensée fugace qui me traverse la tête quand je ne m’y attends pas. D’abord parasite, brouillonne, l’idée prend de l’ampleur jusqu’à m’obnubiler. Rapport de force entre moi et moi, je refuse de lui céder, juste pour le principe. Même si après tout, j’en aurais bien envie. Je m’occupe le corps et l’esprit pour essayer de la tromper, de l’oublier, de lui échapper. Pendant quelques instants, cela marche. Et puis d’un coup me revient en tête l’obsession, boomerang lancé avant d’en détourner l’attention. La résistance reprend, même si une seconde idée s’immisce : je vais finir par céder, le tout étant de savoir quand, et de retarder cette lâcheté au maximum. Enfin, d’un coup d’un seul, alors que j’ai encore l’impression de me battre, le barrage lâche, mon corps me trahit et obéit à la ritournelle qui tourne en boucle sans me demander mon avis. Une fois le forfait commis, la honte ne sert à rien, seul le plaisir procuré m’occupe les sens, même si la fierté n’est pas à l’honneur devant la pulsion assouvie.
On finira tous par crever
Que fera-t-on à ce moment-là? Est-ce qu’une rustine nous suffira? Quand chaque élément de notre corps réclamera son indépendance, quand le tout se dissociera pour arpenter des milliards de chemins différents. Qui finalement arriveront au même point. Qu’est-ce qu’il restera de nous alors? Quand le cerveau putréfié désertera le crâne vide, quand il n’y aura plus un neurone pour recevoir le moindre choc électrique. Où serons-nous alors? Évaporés dans ces soi-disant vingt et un grammes mystiques? Partagés dans les milliards d’êtres qui nous auront dévoré, digéré, recraché? Juste plus là, sans ailleurs, juste plus?
Est-ce que la conscience nous quitte vraiment à ce moment-là? Où bien est-ce qu’elle se retire pour se concentrer justement sur cet effilochement, les sensations nouvelles, cette grande expérience? Pour apprécier pleinement l’abandon, le lâcher prise, le repos, enfin…
The perfect moment
Un pas en avant, deux en arrière. On part d’un côté, puis de l’autre. A force de tourner dans tous les sens, on finit par revenir à son point de départ. On se laisse porter par l’euphorie de l’instant lorsque tout va bien. On est parfois chaotiques quand on commence à s’essouffler. Et par moments, on a vraiment besoin de laisser la tête se reposer. Mais quand enfin vient l’instant parfait, on peut se dire qu’il est beau le monde de la recherche !
Cette fille-là
Je suis cette fille qui butine sans penser au lendemain, gourmande de la vie, les sens en éveil. D’expériences en erreurs sans cesse recommencées, parce qu’après tout j’aime ça et que les remords sont tellement préférables aux regrets. Je suis cette fille qui tente, toujours, parce qu’on ne sait pas sur quoi on va tomber et que les bonnes surprises sont tellement agréables. Je suis cette fille qui vit, cette fille qui vibre, cette fille qui espère en tourbillons à chaque coup de vent. Peu importe l’échec, peu importe la fin, seule la route compte.
Je suis cette fille, amoureuse jusqu’au bout des ongles, qui sait la chance qu’elle a de t’avoir rencontré au cours d’une de ces expériences. Je suis cette fille, fidèle par amour, par respect, mais pas par principe. Je suis cette fille qui a trouvé un bout de bonheur plus gros que les autres, et qui essaiera de le garder, parce que c’est bien aussi, le bonheur. Je suis cette fille toujours avide de nouvelles expériences, qui espère les vivre avec toi, parce qu’il y a tant à découvrir en avançant plus loin sur la route. Je suis cette fille qui comprend bien la différence entre une connerie à tenter et une erreur à ne pas commettre. Je suis cette fille qui a intégré ton bonheur dans son équation personnelle et qui ne supporterait pas de te faire du mal.
Je suis cette fille qui essaie de concilier ces deux personnes, de les faire tenir dans sa petite enveloppe charnelle. Je suis cette fille qui te remercie de ta compréhension et qui apprécie grandement que tu ne cherches pas à l’amputer d’une partie d’elle.