Garçon manqué

Garçon manqué, fille sexy assumant son côté “masculin”. Elle aurait aussi bien pu être un garçon sensible assumant son côté “féminin”. Les termes “masculin” ou “féminin” n’ont pas de sens pour elle, qui est elle, tout simplement. À l’aise dans son corps, à l’aise dans ses vêtements, elle arbore la coupe “garçonne” qui la rend incroyablement féminine. Elle ne se sent pas plus “fille” en jupe et talons, qui brident ses pas, l’empêchent de se mouvoir avec son naturel désarmant. Ce naturel qui, malgré elle, fait craquer ceux qui la voient. Elle n’a rien de la fille fragile qu’on essaie de nous vendre comme le modèle féminin idéal. Elle assume ses postures décontractées, son langage parfois salace, son caractère fort que certains appellent “grande gueule”, et ses yeux gourmands quand passe une tentation dans son champ de vision. Elle aime aussi varier les genres, ne garde pas collée sur elle l’étiquette garçon manqué, et son entourage est surpris quand elle se pomponne.

Comme si c’était incongru de sa part de véhiculer une image d’elle en adéquation avec les canons de la mode. Comme si, affichant alors une féminité non revendiquée quotidiennement, elle perdait son identité. Même dilemme dans la gestion de ses émotions. Souvent à l’aise, abordable, elle pratique le second degré et l’auto dérision. Et choque tout le monde le jour où elle montre une faiblesse, baisse sa garde et étale ses émotions. Sa susceptibilité est alors perçue comme un défaut féminin auquel elle n’a pas droit. À elle de remettre son masque souriant, de reprendre son rôle de femme forte, son côté garçon manqué qui la place aux antipodes de celles qui seront de “vraies” filles.

Écrire

Écrire. Toucher du doigt le pouvoir. Donner vie en quelques minutes à un personnage totalement nouveau. Parcourir avec lui l’arbre des possibles, choisir pour lui ses orientations, ou bien se laisser emporter et le suivre dans ses folles aventures, sans rien maîtriser. Tenter de communiquer avec ses lecteurs en étant certain d’une chose : ils ne comprendront jamais ce que l’on voulait dire exactement. Découvrir avec eux de nouvelles possibilités sur nos textes, qui vivent leur vie indépendamment de tout contrôle de notre part.

Écrire des mots pour rire qui feront pleurer, écrire des mots qui touchent et affronter le rire des autres, donner de soi sans personne pour le recevoir, mettre de la distance mais émouvoir quand même. Écrire pour mettre en ordre ses idées, écrire pour s’immerger dans autre chose, créer une histoire et découvrir la fin qui vient toute seule. Décider arbitrairement de ne pas satisfaire ses lecteurs. Se faire plaisir avant tout, mais être déçu quand on n’écrit pas aussi bien que l’on voudrait.

Effacer les mots. Autant de formulations qui ne verront finalement pas le jour, imparfaites ou trop pédantes, pas à notre goût tout simplement. Recommencer autrement. Ou de la même manière, finalement, parce qu’on ne trouve pas mieux. Nuancer, accentuer, améliorer notre idée de départ jusqu’à ce qu’on n’aie pas trop honte de livrer le résultat. Ou tout écrire d’une traite, comme un sprint, sans regarder en arrière et laisser le texte tel quel.

Écrire pour pouvoir dire “je” sur des situations jamais vécues ailleurs que dans notre imaginaire, lieu protégé où il se passe tant de choses. Écrire pour faire partie de ceux qui peuvent dire “j’écris”.

En construction

Ils viennent de se rencontrer, mais sont déjà plus que de simples connaissances. Ils se guettent,  attendent des nouvelles, échangent, surveillent leur boîte mail. Une amitié en devenir, pleine de promesses, entre les petits mots, la personnalité de l’autre qui leur plaît. Une complicité naissante, sur la base de quelques souvenirs communs, fugaces instants partagés, qui leur donne l’impression d’être reliés. Quelque part, ils se connaissent, même s’ils ne savent pas tout l’un de l’autre. Il manque encore la clé de bien des coffres, mais l’envie de se découvrir est là, en filigrane et partagée.

Ces promesses seront-elles tenues? Nul ne le sait, mais peu importe. Les affinités sont là. L’amitié prendra forme d’elle même, sans contrainte, au fur et à mesure. Et à vrai dire, c’est peut être ça qui les intéresse.

Le lendemain

Après des semaines d’attentes, le jour J arrive et passe en quelques minutes. Le lendemain arrive bien vite, mais chacun le vit à sa manière. Certains revivent, presque heure par heure, le fameux jour. D’autres regrettent et se lamentent de la fin de la magie. D’autres encore refont leur journée, mais à l’idéal, gommant tous les détails dérangeants par des “Et si”… Quelques uns ressentent le vide laissé par l’attente envolée. Ce qui est fait n’est plus à faire, n’est-ce pas? Et alors, il n’y a rien à faire, à part se projeter dans le prochain évènement, planifier et attendre encore un autre jour J, pour tendre à nouveau vers quelque chose…

Ce n’est pas le physique qui compte

Ce n’est pas le physique qui compte. Voilà ce qu’a dit ce matin la maman de Justine à sa fille. Parce qu’elle venait de se moquer d’une fille de son âge à cause de sa petite taille, Justine s’est pris ce mensonge en pleine tête. Bien mérité, me direz vous, elle n’avait qu’à pas se moquer. Mais quoi de plus faux que cette petite phrase qu’on répète à tout bout de champs… Oh, bien sûr, le physique ne fait pas la personne. On peut même être quelqu’un de très bien en étant moche comme un pou. Parce que les critères esthétiques ne sont pas universels, tous les goûts sont dans la nature, ce qui compte c’est la beauté intérieure, chacun peut trouver chaussure à son pieds, et caetera… Mais quand on demande à Justine de bien s’habiller pour aller à l’école le jour de la rentrée, c’est bien que son apparence va avoir une quelconque importance. Quand sa maman se maquille et se coiffe pour voir son voisin, ça ne compte pas, peut être? Pourquoi est-ce qu’elle a si envie d’être amie avec le petit nouveau qu’elle ne connait pas, alors qu’elle n’a jamais voulu adresser la parole au grand Xavier qui est pourtant depuis deux ans dans sa classe? Au final elle ne connait ni l’un ni l’autre, mais elle se sent vraiment en phase avec Quentin, le petit nouveau, alors qu’elle ne croit rien partager avec Xavier. Ca doit être des broutilles, sûrement. Les adultes doivent savoir de quoi ils parlent. Mais quand même quelle drôle d’idée ! Si c’était si peu important le physique, pourquoi est-ce qu’on s’embête tant avec ça? Pourquoi est-ce qu’on y tient tant, à ce corps, qui est si insignifiant face à notre intelligence, notre sens de l’humour, notre gentillesse?

Si Justine avait conscience de tout cela, elle traiterait sa mère d’hypocrite et lui expliquerait patiemment que notre apprence, c’est notre carte de visite, notre premier contact avec notre environnement et nos semblables. Que sans se baser sur des critères esthétiques, la première impression (qui est censée être la bonne, selon la croyance populaire) laisse une marque, qui peut être tenace… Seulement Justine est trop jeune pour répondre à sa mère de la sorte, et elle essaie de se mettre dans la tête, pour lui faire plaisir, que le physique ne compte pas et que c’est vraiment une méchante fille. Et ça, ça compte, si on en croit ses parents.