Désir de bouche

Croquant ou fondant, je ne pourrai m’en lasser

Habituel délice à mon palais porté

Or noir s’il en est, à la saveur enivrante

Carré après carré, la fonte sera lente

Ou, dans un instant glouton, vite avalée

La tablette engloutie est déjà oubliée

Alors mon corps se tend pour ranimer l’instant

Tentation entêtante, désir des gourmands

Télévision

Torpeur ou langueur qui doucement m’envahit

Ébahie, seule, devant tant d’obscures conneries,

L‘écran me captive tant et tant qu’il m’éxaspère

Et, lucide encore, je sais bien que je me perds.

Vissée sur mon siège, toute volonté me quitte.

Idiote parmi les autres, le doute m’habite :

Serais-je devenue cette léthargique loque

Immobile imbécile dont souvent je me moque?

Oubliant le temps qui, traître, me le rend bien

Nauséeuse, je marche vers l’écran, d’un geste l’éteins.