A peine arrivée, elle regarde d’un coup d’oeil qui est présent. Rejoint son cercle d’amis dans la chaîne qui est formée, elle dira bonjour en bonne et due forme à la fin de la danse. Déjà le rythme la porte, elle suit les temps en fermant les yeux et laisse la joie monter en elle. Ça fait un bien fou de danser!
Ses yeux rouverts pétillent, elle croise le regard d’autres danseurs, et essaie de transmettre tout son enthousiasme. Lis la même chose dans leurs yeux. Connivence d’un instant, ils sont dans le même état d’esprit. Tous sur la même musique, à danser la même danse. Certains avec des variantes en entraînent d’autres dans leur jeu. Elle répond toujours présente. Elle danse pour ressentir cette harmonie de groupe, cette union de parfaits inconnus le temps d’un fest-noz. Rencontres éphémères qui se répètent, jusqu’à la reconnaissance, sentiment d’appartenance à un groupe qui se crée au fur et à mesure des soirées. Partage d’émotions avec des gens dont on ne connaît presque rien, mais qui nous procurent tant.
Pour chaque danse de couple, elle cherche des yeux, attend un cavalier qui sache la faire tourner, avec qui elle puisse se laisser guider en toute confiance, quelqu’un qui ne fonce pas dans le tas, quelqu’un avec qui elle puisse être un le temps d’une danse. Un couple qui tourne, sans faux-pas, lui qui propose de nouvelles passes, elle qui répond sans hésiter, le reste des danseurs n’étant qu’une image brouillée à leurs yeux. Perfection de l’instant qu’elle rencontre trop rarement mais qui vaut le coup à chaque fois. Elle jubile. Quitte son partenaire pour un autre, qui la fera aussi tourner, ou pas, elle prend les paris.
Elle restera jusqu’au bout, avec parfois des baisses d’énergie, et des moments de pure folie où c’est à celui qui crie le plus fort, celui qui en fait le plus. Elle attend chaque occasion d’aller seule au centre du cercle, danser dans ce lieu intime, les yeux fermés, sous les regards de tous mais pourtant seule au monde. Et passer le relais à un autre qui se donnera lui aussi en spectacle.
Vus de haut, ils ressemblent à des farfadets des temps modernes, à tourner en cercle, en chaîne, en couple, jusqu’au bout de la nuit… Les individus s’estompent, seule la masse sautillante, virevoltante retient l’attention. Alors parfois un couple parfait attire le regard en se mouvant au sein de cette foule sans jamais se mélanger comme s’il avait créé un monde pour deux, laissant au spectateur l’impression d’être un voyeur.
Et lorsque les musiciens rangent leurs instruments, que la dernière danse est finie, il est temps pour elle de rentrer et de masser ses courbatures. En attendant la prochaine fois…