Comme un ours en cage

On est quel jour aujourd’hui?

À peine la réponse enregistrée, le voilà qui se remet à tourner en rond. Se fixe à nouveau pour demander quand il sortira. On ne sait pas. Il repart. Ses yeux papillonnent, régulièrement attirés par la fenêtre. L’air absent, d’un seul coup, il écoute. Une feuille de papier froissée l’a interpellé comme la foudre tombant à ses côtés.

Qu’est-ce que tu as dit?

Pour la cinquième fois, on répète. Patients. Demain, déjà, tout ira mieux. Pour l’heure, il est temps de redire, rassurer, réconforter. Personne ne lui veut de mal, et surtout, non, il n’est pas fou. Mais il a besoin d’un peu de repos, d’une parenthèse dans le tourbillon de sa courte vie. Courte, mais dense.

Pourquoi tu ne dis plus rien, je t’ennuie?

Cette minute de réflexion ne lui a pas échappé. Ses yeux mobiles enregistrent tout, son cerveau interprète le moindre détail. Et ses pieds continuent de le balader, il ne tient pas en place.

Non, tu ne m’ennuies pas, petit renard en manque de blé. Je songe au moyen que j’ai de t’aider. Te raccrocher un peu à cette réalité qui te fuit. Te donner une raison de rester avec nous. Si seulement tu voyais le monde tel que je le vois, ton regard glisserait sur ses laideurs qui te sautent au cœur et tu t’extasierais de petits riens. Alors, j’en suis sûre, tu saurais que la vie vaut la peine d’être vécue.

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