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Le trajet jusqu’à St-Denis se déroula plus sereinement. Joe s’était tapi avec Pierre-Henri dans l’espace entre quatre sièges dos à dos, le traîneau bien caché également. Personne ne les vit, et sans la fièvre de Pierre-Henri, Joe aurait pu être content de retrouver cette partie de sa vie.
Ils descendirent à St-Denis, Joe savait qu’il n’y avait qu’à longer la Seine pour retrouver sa ville natale. Malgré la fatigue et l’heure avancée, il marcha, traînant son ami, jusqu’au pont de Clichy. Là, ils se cachèrent pour passer la fin de la nuit. Pierre-Henri, dans ses délires, parlait de la sorcière à qui il devait sa condition de volatile. Celle-ci, selon lui, gardait l’œil sur lui, l’attirait dans ses filets et rêvait de raser ses dreadlocks pour lui faire pousser de belles plumes et parfaire son œuvre. Il finit par s’endormir mais ne se réveilla pas le lendemain matin. La fièvre lui soudait les paupières, collait ses poils les uns aux autres, et l’avait beaucoup amaigri.
Joe, attrapant délicatement son ami par le cou dans sa gueule, une inquiétude vivace lovée dans l’estomac, escalada les toits pour venir miauler à la fenêtre de Samantha la Grise.