Pour avoir le début de l’histoire, c’est ici.
Le filet se rétracta vivement comme un tentacule blessé, puis se resserra, tournant autour de l’empathie. Joe continua, patiemment, ronronnant, à griffer métaphoriquement la matière noire, sans abîmer les émotions du jeune Pierre-Henri.
À l’autre bout de la géode, le canaroïde s’éveilla, ouvrit des yeux violets scintillants et, pour la première fois de son existence animale, il s’envola. Il avait un vol pataud mais puissant ; comme ses poils lui tombaient devant les yeux, il zigzaguait, évitant au dernier moment les colonnes de saphir qui se dressaient sur son chemin. Dans une dernière voltige, il fondit sur Joe dans les bras du Pierre-Henri chevelu, bec en avant.
Joe, concentré sur sa délicate tâche, ne le sentit que quelques secondes avant l’impact. Ouvrant grands les yeux, feulant et crachant de surprise, il sauta toutes griffes dehors et attrapa le canard poilu en plein vol.