Pour avoir le début de l’histoire, c’est par ici.
Les première gelées arrivèrent pour le premier novembre, puis il neigea sans discontinuer. Un jour, Pierre-Henri se coucha avec le poil trempé, trop épuisé par leur bataille de boules de neiges pour se sécher. Il se réveilla avec 43°c de fièvre, grelottant sans plus pouvoir s’arrêter. Joe prit soin de lui, lui servant d’abri contre le froid pour qu’il se rétablisse. Au bout du deuxième jour de fièvre, très inquiet, il décida d’emmener son ami chez un médecin. Pour plus de confort, il fabriqua un petit traîneau à partir d’écorces de boulot et de tiges de roseau. Pour tenir chaud à Pierre-Henri, il négocia avec des mésanges qui se relaieraient, toutes serrées contre le canaroïde. En échange, Joe promit de ne plus chasser de mésange pendant deux ans et demie.
Joe s’attela au traîneau et partit avec tout son petit monde vers la lisière nord du bois. Là, il eut une longue hésitation : devant lui le monde des hommes et de cruels souvenirs, mais rester à l’abri signifierait probablement la mort du seul ami qu’il ait jamais eu. Après un regard derrière lui, vers la forêt et le traîneau, Joe s’avança vaillamment vers la ville. Il franchit une route à toute allure, ses pattes tricotant sur le sol. En s’arrêtant sur le trottoir d’en face, il lut “La Rochette” puis chercha des panneaux de direction. Il suivit celui qui indiquait Melun, se rappelant qu’un RER partait de là pour aller à St-Denis, près de chez lui.
Grâce au bandana qu’il portait toujours au cou, il put trottiner de trottoir en trottoir jusqu’à la gare de Melun. Les passants riaient et le prenaient en photo, essayaient de le détourner de son chemin en lui offrant des friandises, qu’il ignorait superbement. Seul Pierre-Henri comptait pour lui.
Enfin, ils arrivèrent à la gare sans trop de difficultés, mais pour entrer, ce fut une autre paire de pattes.