Femme de marin

J’attends. Assise au café du port, j’attends que le navire rentre à quai. Quelques minutes, une heure au plus, à mon avis. Je vais retrouver mon Jules, parti depuis deux mois. Un voyage court. Il reste une semaine, et repart pour trois mois. J’aurai ses cartes postales, qui me font voyager par procuration. Il est très régulier, j’en reçois une par semaine. Une chance, car tous les marins ne sont pas comme ça. La semaine va être fantastique, comme à chaque escale. Une semaine de fêtes, d’amour, de passion pour rattraper le temps “perdu”. On ne parle pas beaucoup pendant ses escales, je crois que c’est pour ça qu’il m’écrit si souvent.

Et puis il repartira. On essaie d’oublier, pendant qu’il est là, qu’il part dans 7 jours, puis 4 puis 2 puis… mais l’échéance reste en filigrane. Dans chaque baiser, j’entends je pars bientôt. Dans chaque baiser, il entend profite avant de repartir. Et c’est ce qu’on fait. C’est facile pour nous d’avoir cette relation passionnante, pas de routine entre nous, chaque rencontre est une fête. Nous n’avons que de beaux souvenirs. A part l’attente. Quoique, même si on s’y fait, elle est stimulante, cette attente… On anticipe, on imagine, on se fait languir, on essaie de se surprendre. Au point que j’appréhende le moment où il me dira vouloir rester à terre. Se poser. Vivre avec moi. Prendre sa retraite. Voir nos enfants grandir. Être là, tout simplement.

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