Quelques notes de piano avant l’arrivée du violon. Ton bras tendu sur lequel courent mes doigts. Confortablement installée dans ton lit, la main tendue pour conjurer ma peur. Tandis que tu sombres petit à petit dans le sommeil, je m’accroche à cette main pour oublier. Le trou béant. La panique irrationnelle. Grattouilles, grattouilles, je focalise mes pensées. Ne pas tourner la tête, ne pas voir l’espace plein d’ombres sous ton matelas. Ne pas imaginer tout ce qui pourrait sortir de sous ton lit. Et qui serait bien obligé de passer sur ma couche pour venir te croquer les pieds. Prions pour que je les intéresse moins… Accrochée à ta main, j’écoute désespérément cette musique qui t’endort et me rassure. Un impératif : m’endormir avant la fin du disque. Ne pas entendre les murmures qui me réveillent en sursaut sur la dernière chanson. Sinon je suis bonne pour veiller tard, les yeux grands ouverts, immobile et paranoïaque. Scrutant de toutes mes oreilles le silence qui débride mon imagination, enveloppe mes terreurs nocturnes, et m’emmène mine de rien au petit matin où le soleil chasse enfin les monstres et m’accorde un peu de repos.