La courte paille

Alors, ainsi, ce sera moi. Demain, dans une semaine ou dans deux mois, quelques lignes dans le journal pour évoquer brièvement ma vie, le bien que j’ai pu faire, mes dernières minutes de vie. La tristesse et la colère de mes proches, de mes collègues. Ce n’est pas si horrible à vivre en fait. Je n’ai presque eu le temps de me rendre compte de rien. Juste cette conscience aiguë d’être le prochain fait divers pendant que mon esprit déjà essaie de fuir la scène de crime. J’ai toujours eu horreur du sang. Le fait qu’il s’échappe de plaies abdominales de mon propre corps n’est pas pour me le rendre plus attrayant. Autant partir, là, simplement, que d’essayer de lier toutes ces sensations disparates. Les yeux fermés la douleur n’est pas si forte. Les yeux ouverts, je suis pris de spasmes en visualisant l’horreur, le sordide et l’absurde de ma situation. La prochaine fois, je penserai à baisser la tête devant ce genre de personnes. La prochaine fois… Mais, au fait, le chat n’a pas mangé ce matin. J’espère qu’on retrouvera vite mon corps et qu’on pensera à s’occuper rapidement de lui.

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