La mémoire qui flanche

J’ai déjà oublié vos noms. De ces quelques semaines passées avec vous, ne me resteront que quelques têtes. La mignonne petite rouquine du premier rang avec ses grands yeux avides de savoirs. L’original, toujours dans la lune, avec ses questions inattendues mais si souvent pertinentes. Le jeune homme timide qui avait fait mine de ne pas me reconnaître en me croisant au hasard d’une rue. De son prénom à lui, je me souviens. Un groupe de trois avec son “bon élément” un peu étourdi mais toujours prompt à aider ses deux comparses. Les deux minettes, très sympathiques au demeurant, qui exprimaient toujours si fort leur envie d’être partout ailleurs qu’en cours. Je me souviens aussi de ce binôme de choc, où l’un pensait être le cerveau donnant des ordres aux petites mains alors que les mains en questions savaient tellement mieux réfléchir par elles-mêmes.

En revanche, j’ai déjà oublié les traits de la jeune demoiselle qui a fondu en larmes à l’annonce des résultats des examens du semestre précédent. Ceux de l’étudiante prise de panique pendant l’examen. Ou les visages des étudiants stressés qui ont vaillamment exposé leur exercice avant de répondre à mes questions. J’ai oublié qui s’en sortait, qui se trompait, qui était seul, qui écoutait, qui était timide ou bien charismatique. J’ai oublié tous ces détails pourtant très importants à vos yeux.

Mais je me rappelle le cœur qui cogne. Je me rappelle les yeux qui survolent tout, à l’affut du moindre souci, d’une incompréhension, d’une muette approbation. Je me rappelle l’euphorie et l’épuisement en sortant de la salle derrière vous. Je me rappelle que j’ai aimé chaque séance passée en votre compagnie et qu’il me tarde d’un jour recommencer.

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