L’abandon

A quel moment prend-on la décision? De tout lâcher. Arrêter là, ne plus se battre contre des moulins à vent. Ne même pas dire stop, plus assez de forces, plus assez d’envie. Quand la balance, déjà bien déséquilibrée, cède-elle brutalement? Une pression de trop? L’usure naturelle? Le moment même est assez flou. Avant il y a une certaine motivation masochiste : encore un peu, il faut tenir, comme ça on pourra dire qu’on l’a fait. Après il y a la certitude que c’était la bonne décision, qu’on n’aurait pas pu plus de toutes façons. Mais à quel moment précis la corde lâche-t-elle? Si on y est presque, est-ce que cela nous ôte le droit de tout plaquer quand même, juste parce que trop, c’est trop? Est-ce que ça vaut l’effort d’arrêter quand dans tous les cas le supplice prendra fin de lui même, dans un sens ou dans l’autre? Est-ce qu’une curiosité déplacée, l’envie de voir la déception finale se concrétiser nous retient? Pour se prouver qu’on avait quelque part raison d’en souffrir autant pendant tout ce temps. La justification de la douleur passée justifie-t-elle, justement, un peu plus de souffrance à venir?

Est-ce même conscient, tout ça? Ou bien n’est-ce pas comme une part de gâteau à qui certains essaient de résister et qui finit croquée d’un coup, d’un seul, sans réelle préméditation? Quelle part de responsabilité dans un abandon? Quelle part d’activité? De laisser faire? De volonté?

Quelle part de rêve que cet abandon, juste là, qui me tend les bras ! Un abandon avec qui il fait bon flirter innocemment, sans chercher à évaluer encore toutes les conséquences de mes actes… Abandon soupape de sécurité, je sais que si vraiment il le faut, je pourrai compter sur toi.

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