Ils font un petit pas de côté, quelques petits sauts, voire soubresauts, font tourner leurs cavalières et cavaliers dans une danse toujours plus rapide, effrénée, saccadée. Juste au moment où les apparences se cachent, leurs visages aux crocs grimaçants surgissent, sourire passionné avant l’ultime morsure. Ils se reconnaissent entre eux, appartiennent au même monde où ils amènent toujours un peu plus de chair fraîche, juste prête à corrompre. Dans son cercle privé, l’élite laisse tomber son masque , sort son cynisme, ses appétits gloutons, son envie de débauche et de luxure, et tient à préserver pour un temps l’innocence qui lui sera sacrifiée en temps et en heure. Car à quoi servirait le masque s’il restait en place éternellement? La plus grande jouissance n’est-elle pas de capter les regards apeurés de ceux qui comprennent enfin ce qu’il cachait, de trouver dans ces regards le moment, la question, le choix qui se fait à la hâte? Vont-ils rester intègres? Vont-ils devenir l’un des leurs, conversion à la hâte grâce à un formidable instinct de survie ou à la soif de pouvoir qui enfin s’épanouit? Vont-ils chercher la sortie des yeux, désespérément, dépassés par l’horreur de ce qu’ils voient, la méprise dans laquelle ils auront été jusqu’à cette tardive révélation? Quel formidable instant de vie sauvage, brute, libre que ce grand bal où, par la force des choses, tout est permis…