C’est un grenier neuf, un de ces greniers qui n’ont pas de souvenirs, pas encore. Plein de promesses, mais sans trésor. Tout lui manque, la poussière et les malles, les toiles d’araignées et les craquements du bois. Ses poutres apparentes sont peintes en blanc, ce qui rajoute à l’impression de propreté, d’irréalité qui se dégage de la pièce. Un tel grenier ne devrait pas exister. Un grenier devrait être d’office vieux et sale, avec une légère odeur de renfermé et de secrets. Peu importe que la maison soit neuve.
Ce grenier-là est pour l’instant une pièce à vivre, avec un fauteuil et une lampe dans un coin, douce invitation à la lecture. Petit à petit, qui sait, il sera abandonné aux vieilles affaires qu’on ne veut plus garder en vue, à tout ce qui nous encombre mais qu’on ne peut se résoudre à jeter. Il sera le dépositaire de notre mémoire, de toutes ces choses qu’on oublie au fur et à mesure, mais jamais complètement.
Alors, quand il ressemblera enfin à un grenier, encombré, usé par le temps, je serai vieille moi aussi, et je le laisserai raconter à mes petits enfants quelques anecdotes de ma jeunesse.