Tapi au fond de son lit, il tend l’oreille autant qu’il peut. Il entend un bruit, comme une respiration derrière la porte du placard. Enfin, pas vraiment comme une respiration, justement, plutôt comme un souffle qui s’échapperait d’une gorge desséchée, comme un chat asthmatique qui prendrait sa respiration, mais le son semble humain. Il entend eeeeuuuuhh, ou bien rhaaaaaa, mais c’est presque articulé, enfin, il n’est plus sûr… Cela fait au moins quatre minutes qu’il n’a rien entendu, ça devient suspect. Il reste aux aguets mais commence à se dire que son imagination travaille trop, qu’il a passé l’âge d’avoir peur du croque-mitaine, qu’il ferait bien de dormir maintenant, avec la journée qui l’attend demain. Il cherche le sommeil en se tournant dans son lit, puis, n’y tenant plus, allume la lumière. Il regarde partout autour de lui, tout est normal. Pour se changer les idées, il rouvre son livre de chevet, l’écume des jours, se laisse dériver, porté par la poésie et l’imaginaire du texte.
Quand ses yeux papillonnent, il pose son livre, éteint la lampe et trouve le sommeil. Le lendemain, déjà, il n’y pense plus et s’éreinte au travail. Quand vient le moment du coucher, il tombe de fatigue et s’endort aussitôt. Il fait alors un rêve étrange où il est le seul vivant au milieu de zombies, mais n’a pas peur. Les zombies, contrairement aux idées reçues, n’ont plus besoin de manger, ne sentent rien et ne voient pas les vivants. Il semble donc invisible et observe la ville où il est, laissée à l’abandon par les hommes. Au matin, il éprouve une sensation bizarre, comme s’il avait oublié quelque chose d’important, mais ne traîne pas, une longue journée l’attend encore.
Quand il va se coucher ce soir-là, il prend le temps de se détendre, puis s’endort comme un enfant. Il se réveille en pleine nuit, garde les yeux fermés car il entend encore le bruit. Il se fige dans son lit, comme si ça pouvait changer quelque chose, puis ouvre un œil. Et le regrette aussitôt…