Texte écrit dans le cadre d’un atelier d’écriture à L’Escalier, consigne : faire disparaître le poème “le rocher de la solitude”, d’Edmond Jabès
Dans la nuit, le bruit d’une cascade, sous la lune.
Le bruissement des arbres, le vent dans leurs feuilles, les pépiements des oiseaux.
Il y a là deux écureuils, vifs et alertes, malgré l’heure plus que tardive.
Dans la forêt, ils sautent de cime en cime, cavalent sur les cailloux, slaloment entre les pièges tendus, les bûches fendues, prêtes à se rompre et à les engloutir.
Il y a un cul de sac, les écureuils semblent s’envoler, grimpent sur une liane, pont entre terre et ciel, à l’usage des plus agiles.
Le soleil tarde à venir, sa chaleur ne peut pour l’instant apaiser nos tremblements.
Il y a ma blessure qui me lance, plaie ouverte que j’ai tenté de suturer avec des liens improvisés. La fièvre me gagne. Elle est un drap de solitude entre le monde et moi.
Il y a ta fièvre, plus ancienne encore, qui t’accompagne depuis qu’enfant, tu chantais en riant les lettres de l’alphabet dans le désordre, toujours.
Un instant passe. Mon délire emporte le peu de biens que je pensais miens. Nos mains se lient, et se délient, au rythme de nos grelottements. La nuit se joue de nous.
Les écureuils virevoltent de-ci de-là. Ce sont les témoins de ma douleur. Ce sont les complices de ta joie. Ta joie de me voir te rejoindre, partager une étreinte, ivres de la même solitude. Enfin.