Jour après jour, je t’ai vue t’étioler, perdre tes couleurs et te ratatiner. Je suis resté près de toi, ne pouvant t’aider, mais essayant de t’accompagner au mieux. Tu te flétrissais, perdais consistance pour finir par ne plus avoir conscience de toi-même. Pendant des mois, je suis resté, impuissant, à te voir te faner, seule sur ton lit de plus en plus grand. C’est bientôt la fin pour toi, je le sens et je le souhaite tellement tu n’es déjà plus là. Tes absences pour fuir ce corps qui n’est plus que douleur me fendent le cœur.
Hier, je suis rentré à la maison, prendre un peu de répit dans cette lutte perdue d’avance. L’appartement sentait le renfermé, les rideaux étaient tirés. L’orchidée que tu m’as offerte était en berne. Pas une goutte d’eau pendant des semaines, pas un rayon de soleil. Tout obnubilé que j’étais par toi, j’avais complètement oublié son existence. Je l’ai descendue à la poubelle sur le champ. Ainsi, quand tu ne seras plus – apaisée enfin – rien ne viendra me rappeler ces jours de détresse, ta vie qui s’écoule goutte à goutte, comme celle de cette plante innocente que j’ai tuée par négligence.