« Nan, mais toi, t’es pas une vraie fille ». Le plus beau compliment qu’on pouvait me faire lorsque j’étais adolescente. J’avais intériorisé tellement fort qu’une fille ça fait des chichis, c’est superficiel, c’est fragile et ça ne vit que par rapport à d’autres que je refusais tout simplement d’appartenir au « beau sexe ». Éternelles Doc’s aux pieds, surtout pas de vêtements moulants ou décolletés, jamais de maquillage et coiffure hasardeuse, je ne cherchais que la compagnie des garçons et essayais de me faire passer pour l’un d’eux. J’aimais la simplicité de ces rapports sociaux simples et francs, que j’imaginais particuliers et tellement contraires aux ambiances plus féminines et « langues de putes ».
Il m’en a fallu, du temps et des rencontres, pour raisonner en terme d’individu, non de genre, et comprendre qu’être femme n’est pas une tare à masquer ou gommer coûte que coûte. Qu’il n’est nul besoin de renier sa part de féminité pour être authentique, originale, intéressante. Et qu’être femme ne se résume pas à porter jupes et talons ou à être douce et bien élevée.
Pour preuve mes amies au caractère bien trempé, drôles, émouvantes, indépendantes, intelligentes. Je ne me passerais plus d’elles. Pour parler de politique, d’art, d’éducation, d’amours, des systèmes, des gens, des galères, des joies, des défis, des attentes. De tout. Pour s’aider, se conseiller, se supporter. S’inquiéter parfois. Et rire, beaucoup. S’apprécier. En toute simplicité, en toute franchise, sans chichi aucun et sans jugement, s’attacher profondément.
Merci à mes amies de me rappeler, jour après jour, que les qualités d’une personne ne tiennent pas aux hormones qu’elles produisent. Continuez à être vous et à prouver qu’il y a mille manières d’être femme. Et qu’il n’y a à rougir d’aucune d’entre elles.