À point, bleu ou saignant?

A la question “A point, bleu ou saignant?”, je serais curieux d’entendre votre réponse. Le voudrez-vous à point, lorsque tel un fruit mûr je serai prêt à être cueilli, lorsque tout en moi se tendra vers vous? Préférerez-vous la facilité d’un cœur meurtri, couvert de bleus, par trop d’aventures gâté? Attendrez-vous qu’au désespoir je m’ouvre le corps pour vous donner tel un bijou ce palpitant organe?

Vous connaissant, vous ne serez point trop hâtive, trop pressante. Vous saurez prendre votre temps pour que jamais je ne me braque. Mais prenez garde, très chère, surveillez attentivement ma cuisson, car mon cœur servi trop cuit serait pour vous indigeste, tandis qu’une autre demoiselle saurait sans peine le faire revenir.

Télévision

Torpeur ou langueur qui doucement m’envahit

Ébahie, seule, devant tant d’obscures conneries,

L‘écran me captive tant et tant qu’il m’éxaspère

Et, lucide encore, je sais bien que je me perds.

Vissée sur mon siège, toute volonté me quitte.

Idiote parmi les autres, le doute m’habite :

Serais-je devenue cette léthargique loque

Immobile imbécile dont souvent je me moque?

Oubliant le temps qui, traître, me le rend bien

Nauséeuse, je marche vers l’écran, d’un geste l’éteins.

En construction

Ils viennent de se rencontrer, mais sont déjà plus que de simples connaissances. Ils se guettent,  attendent des nouvelles, échangent, surveillent leur boîte mail. Une amitié en devenir, pleine de promesses, entre les petits mots, la personnalité de l’autre qui leur plaît. Une complicité naissante, sur la base de quelques souvenirs communs, fugaces instants partagés, qui leur donne l’impression d’être reliés. Quelque part, ils se connaissent, même s’ils ne savent pas tout l’un de l’autre. Il manque encore la clé de bien des coffres, mais l’envie de se découvrir est là, en filigrane et partagée.

Ces promesses seront-elles tenues? Nul ne le sait, mais peu importe. Les affinités sont là. L’amitié prendra forme d’elle même, sans contrainte, au fur et à mesure. Et à vrai dire, c’est peut être ça qui les intéresse.

Un étudiant, ça bosse énormément

Ah, le bon temps des interminables parties de tarot sur la pelouse de la fac entre midi et deux. Les mots fléchés en arrivant en amphi le matin. Les soirées DVD, jeux, danse et les sorties en ville chaque soir de la semaine. Les nuits de quatre heures en semaine, et de douze heures le week end. Les siestes en rentrant de cours, les “on fera ça demain”, et les trajets de trois heures pour arriver à sa chambre de cité U, tout au bout du couloir. La découverte de la ville, nouvelle, et de ses parcs. Faire ses courses tous ensemble parce que c’est plus sympa ; repartir avec la moitié de ce qu’on voulait et plein de trucs qu’on ne voulait pas. Les repas en commun, les batailles d’eau, de pain, de yaourts au resto U, les chaises musicales en amphi pour être tous ensemble sur le même banc à chaque heure de cours…

Mais aussi les journées de révisions, de sept heures à minuit avec des pauses toutes les quatre heures, ou bien les discussions interminables sur tel ou tel aspect d’un exposé que de toutes façons seul le prof écoutera. Les fous rires nerveux après les TP de dix heures, le sandwich sur le pouce à quinze heures parce qu’on a pas eu le temps de le manger avant. Les compte rendus, les dossiers faits au dernier moment, dans l’urgence, toujours. Parce qu’on en a bien profité avant. Parce qu’on aimait ça, être étudiants, et qu’on le vivait à plein temps.

Le lendemain

Après des semaines d’attentes, le jour J arrive et passe en quelques minutes. Le lendemain arrive bien vite, mais chacun le vit à sa manière. Certains revivent, presque heure par heure, le fameux jour. D’autres regrettent et se lamentent de la fin de la magie. D’autres encore refont leur journée, mais à l’idéal, gommant tous les détails dérangeants par des “Et si”… Quelques uns ressentent le vide laissé par l’attente envolée. Ce qui est fait n’est plus à faire, n’est-ce pas? Et alors, il n’y a rien à faire, à part se projeter dans le prochain évènement, planifier et attendre encore un autre jour J, pour tendre à nouveau vers quelque chose…