De papillon en papillon, je traîne et le groupe me distance. Une balade en famille, un week-end d’été, un anniversaire, des montagnes, un appareil photo, et des papillons par dizaines. Quel plaisir de trouver l’angle, s’approcher en catimini, retenir son souffle, prendre une photo, se rapprocher un peu plus, reprendre une photo, tenter encore de gagner quelques centimètres, prendre un nouvelle photo.
Avant d’en arriver là, ce sont dix papillons que j’ai ai suivis, les regardant partir trop loin, impuissante. Sur ces cinquante et quelques photos, seules deux ou trois mériteront une attention particulière. Mais pour chacune d’elle pointe l’espoir d’avoir enfin le cliché. Celui qui justifie que je m’isole, celui qui excuse mon absence des réjouissances familiales, plaisirs partagés mais ô combien bruyants.
Entre deux papillons, entre deux clichés, je presse le pas et tente de rejoindre la joyeuse troupe. Je savoure le silence, les seuls cricris des champs d’été, le soleil sur ma peau et la marche rapide. Avant que, la mémoire pleine, je ne close cette parenthèse égoïste et ne partage mes trésors avec mes proches.