Reset

Ça a commencé sur les chapeaux de roues. Tu m’as sollicitée, j’ai répondu : pourquoi pas ? Les banalités d’usage très vite passées, restait alors un haut potentiel. Comme à mon habitude, pas de bride d’entrée de jeu, autant attendre de voir comment se passent les choses. Les fils et les aiguilles se sont enchaînés rapidement, le feu de paille est vite devenu brasier. Puis l’incendie a ravagé la forêt.

J’ai essayé de te prévenir, peut être trop tard, peut être pas assez fort. Tu n’as pas vu que j’étais sérieuse, n’as pas compris mes avertissements. Ou tu n’as pas su que faire de ce revirement, pour toi certainement simple passade, complexe aléa des relations avec autrui.

Quand l’alarme a hurlé, mes premières barrières étaient franchies. Assaillie de tous côtés, j’ai bâti à la hâte un donjon pour éviter toute intrusion. Devenue en un claquement de doigts une forteresse imprenable, j’ai érigé à coup de distance des barricades de protection. Très efficaces, un peu encombrantes et parfois blessantes.

La colère passée, la gêne a pris ses marques. Incapable de soutenir dans tes yeux des attentes que je savais ne pouvoir satisfaire, j’ai préféré me taire et fuir. Te laisser comprendre seul que je n’étais pas celle que tu croyais. Te forcer à admettre l’évidence : je ne suis pas quelqu’un de bien. Te laisser te brûler les mains sur mon silence pour que tu sois plus prudent par la suite.  Vague soupçon de remords : tu n’en méritais pas tant. Mais pas d’excuses à servir : tu étais bien prévenu.

Si par le plus grand des hasard tu acceptais. De faire table rase. (Re)devenir pour moi simple connaissance. Alors, peut être… Petit à petit, pas à pas, mot à mot, nous pourrions apprendre à nous comprendre. Un apprivoisement réservé pour ne plus griller d’étape. Cette fois-ci, je saurai faire comme les autres. Donner au compte-goutte. Dans le doute me protéger. M’ouvrir ensuite si le cœur m’en dit. Ou bien ne jamais franchir la ligne. Éviter si possible les douches écossaises puisqu’elles ne sont guère appréciées. Pour garder quelque constance dans l’effort, autant démarrer doucement.

Je ne ferai aucune promesse, ce n’est pas mon style. Je me réserve le droit de changer d’avis. Si les conditions générales sont trop drastiques, si le dommage initial est trop important pour une quelconque réparation, alors tant pis. Ne resteront que les “ça aurait pu”, bien moins douloureux que les éventuels “définitivement, non”. Je poursuivrai alors, bon gré ou mal gré, ma route de rencontres et d’adieux.

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